Pourquoi j'aurais aimé bénéficier d'une bénédiction instituée (Jean Schwach)

11/05/2015 17:16

28 avril 2014, 18:12

Ce texte reprend le commentaire à une publication sur la page. De Jean Schwach, pasteur de l'UEPAL

 

Quel besoin pour une bénédiction instituée ?

La question suivante m'a été posée : En quoi as-tu besoin de l’institution pour aimer et être fidèle ? Je vais essayer d’y répondre, car à travers cette question, j’avance moi-même. 

C’est vrai, je n’ai pas besoin d’elle pour vivre une relation amoureuse et conjugale et je dirai « Dieu merci » ! J’étais engagé durant 11 ans avec une personne, sans que l’église-institution ne nous ait bénis !  Je rajouterai cependant que ce fut un grand regret personnel. En tant que pasteur, je donne la bénédiction aux couples qui viennent la demander, et moi, je n’y ai pas droit ? Ma tristesse ne venait pas d’un droit qu’on me refuse, mais simplement d’un rite auquel je n’avais pas accès. Je crois avoir compris que l'auteur de la question pouvait se passer de la bénédiction nuptiale en général et qu'il la remet aussi en question pour les couples hétérosexuels. Donc il pourrait la poser de la même façon à tous les couples, ce qu'il fait sans doute dans ses entretiens de mariage.

Pour moi, on n’a pas besoin d’une bénédiction de l’institution, tout comme on n’a pas besoin de lire la Bible et d’aller au culte ou de prier pour être chrétien, et être aimé de Dieu.  Beaucoup de chrétiens enregistrés sur nos fichiers paroissiaux ne vont ni à l’église, ne prient pas, ne lisent pas la Bible. Mais qui suis-je pour lui dire qu’ils ne sont pas chrétiens, voire que Dieu ne les aime pas ? J’avais dans une paroisse précédente un homme (non baptisé) qui venait tous les dimanches à l’église, qui communiait à la sainte cène, qui participait à toutes les rencontres spirituelles de la paroisse (groupe de prière, études bibliques), mais ne voyait pas pourquoi il fallait être baptisé. J’ai longuement discuté avec lui pour lui faire admettre que ce serait un plus pour lui, au niveau de son engagement officiel dans la paroisse, de l’église, de sa foi …

 

Au-delà du besoin, un surplus de sens et de réconfort

On peut donc dire de tout rite qu’on n’en a pas besoin ! Mais je crois que c’est un plus ! Les sacrements, tout comme la bénédiction sont un plus pour nos vies, un soutien, une aide, un réconfort, mais aussi un témoignage. Personne ne contestera que la vie de couple ne soit pas facile à vivre dans notre société contemporaine. Bien sûr le rite de la bénédiction n’est en aucun cas « magique », mais je crois qu’il peut être une aide, un soutien, … justement une bénédiction pour celui qui la reçoit et y croit. Dans un autre domaine, je reprendrais l’exemple de Luther, qui dans les moments de grands doutes et de luttes et pour résister à la tentation d’abandonner la foi s’est répété « Je suis baptisé ». Et cette conscience l’a fortifié pour continuer son combat. Le rite de la bénédiction, sans être un sacrement, ne peut-il pas aussi nous soutenir dans notre vie conjugale pour nous rappeler notre engagement vis-à-vis du conjoint et surtout l’engagement de Dieu à nos côtés ?

 

Signifier que Dieu est de et à la fête

Mais c’est aussi une fête avec les amis, la famille et le témoignage public d’un amour et d’un engagement auquel on veut les associer. Le mariage civil peut faire office de cela. Mais dans la Bible, je ne vois aucune fête de quelque nature que ce soit dont Dieu (et la religion) serait absent ! Et en tant que croyant, je voudrais que tous les moments importants de ma vie soient placés sous le regard de Dieu.

Rejeter l'idée de la bénédiction, n'est-ce pas en fin de compte rejeter la vie de couple des personnes homosexuelles ?

Enfin une dernière idée : oui, je peux vivre sans le rite de l’église ! Mais quel témoignage donne mon institution aux homosexuels ? C’est cela qui me chagrine ! Refuser la bénédiction à des personnes, par principe, sans tenir compte de LA personne, des personnes concrètes qui la demande, de leur histoire,  simplement par principe, cela me choque et me fait mal. L’institution leur dit : pour tous c’est oui, mais pour vous c’est NON ! Et il n’y a qu’une seule raison au final : parce que vous vivez dans le péché !

Moi je souhaiterais que ceux qui rejettent la bénédiction des couples homosexuels puissent dire autre chose que la condamnation, si déjà ils disent accueillir inconditionnellement les homosexuels. Qu’ils puissent dire autre chose que « ce n’est pas le projet de Dieu », « c’est une maladie à guérir », etc… J’attends une parole positive de ces gens-là ! Qu’ils ouvrent un chemin positif pour ces couples qu’ils disent accueillir dans leur communauté. Mais je suis comme l’autre qui disait dans le conte : « Anne, ma sœur Anne, ne vois-tu rien venir ? ».  Je remercie Stéphane Kakouridis qui a commencé à parler dans ce sens : accueillir cheminer avec, prier avec ces couples. Super ! Mais j’aimerais en entendre plus : prier dans quel sens avec eux ? Les accompagner dans quel sens aussi ? Pour qu’ils changent d’orientation ou pour qu’ils puissent s’épanouir dans leur spécificité ? C’est là que j’aimerais avoir plus de précisions.

 

Oui à l'idée d'un projet de Dieu pour les couples de même sexe

Concernant le « projet de Dieu » ! Admettons que le couple homo n’entre pas dans le projet de Genèse 1 (ce qu’on peut éventuellement contester). Mais pourquoi alors ne serait-il pas possible que Dieu ait un autre projet pour ces gens-là ? Un projet à rechercher, à définir à inventer et à vivre ? Moi j’y crois totalement, de tout mon cœur. Dieu est plus grand que Dieu ou l'idée que l'on s'en fait !!! Alléluia.

 

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