Réponse à Christophe Desplanque et aux Contestants

13/07/2015 09:56

(en réponse au courrier des lecteurs de Christophe Desplanque, dans : Réforme n° 3617 du 9/7/2015, p. 16)

J'avoue mon agacement en découvrant la réaction de Christophe Desplanque** à l'article de Françoise Giffard (ICI).

Il reproche à cette dernière de caricaturer la position de ceux que je suis enclin à appeler les "Contestants", pourtant il tombe largement dans les mêmes travers quand il parle de "la faiblesse théologique et biblique de la décision synodale, surtout soucieuse de considérations pastorales."

Tout au long de son courrier, Desplanque fait preuve d'une lecture contextuelle remarquable (polygamie biblique, esclavage, patriarcalisme etc.).

A une notable exception près : l'hétérosexualité.

Il écrit : "La distinction des sexes, à la différence des contingences culturelles, fait partie de l'ordre voulu par Dieu, dès avant la chute ; elle constitue avec celle des générations une condition pour que la société humaine tienne debout. Cet ordre, nous le tordons, le défigurons, avec toutes les conséquences que l'on sait : perversions des relations sexuelles, économiques, sociales..."

Par cette phrase, Desplanque - avec les Contestants - ne réaffirme-t-il pas - sur ce point précis - un littéralisme des plus primaires qu'il tente de récuser par ailleurs ?

Qui, en effet, pourrait affirmer que les premiers chapitres de la Genèse ne contiennent pas des "contingences" culturelles et que la lecture du "mâle et femelle", faite par les Contestants, équivaut à L'ORDRE VOULU PAR DIEU dès avant la chute. (Petite digression : visiblement, ils ne font pas la même lecture en ce qui concerne le végétarisme, aboli seulement après le déluge.) N'est-ce pas une contingence culturelle que la large ignorance de la pensée sémitique antique de ce que nous considérons aujourd'hui comme des orientations affectives et sexuelles minoritaires ? Faut-il, en outre, entendre dans vos propos, M. Desplanque, que l'homosexualité est à vos yeux une perversion des relations sexuelles, dans tous les cas de figure, même s'il s'agit de couples engagés dans la foi et la vie commune ?

Jürgen Grauling

 

** Voici le courrier publié par Réforme :

"Autorité des Écritures

À propos de l’opinion de F. Giffard et sa critique des Attestants, Réforme n° 3 616

J’avoue mon agacement en découvrant la réaction de Françoise Giffard au mouvement des « Attestants », qui assimile notre souhait d’un retour aux Écritures à la volonté d’imposer le littéralisme le plus primaire [...].

On entend souvent ce type d’argument : « Si vous tenez compte du refus biblique de l’homosexualité, vous devez donc cautionner l’ordre patriarcal, voire la polygamie, l’esclavage... que l’Écriture ne remet pas en cause. »

Sauf que la plus élémentaire honnêteté envers les Écritures invite à distinguer leur message de l’environnement culturel dans lequel il a été formulé. Oui, Abraham, Jacob... ont été polygames, oui, Sarah et Abraham ont eu recours à une « mère porteuse », c’était accepté en leur temps, et ces pratiques ont créé et créent encore beaucoup de souffrances, d’ailleurs ; notre temps à nous ferait bien d’y réfléchir.

La distinction des sexes, à la différence des contingences culturelles, fait partie de l’ordre voulu par Dieu, dès avant la chute ; elle constitue, avec celle des générations, une condition pour que la société humaine tienne debout. Cet ordre, nous le tordons, le défigurons, avec toutes les conséquences que l’on sait : perversions des relations sexuelles, économiques, sociales... Mais en Christ, il est appelé à son complet renouvellement (Ga 3,28). En Christ, tous reçoivent la même dignité.

C’est ce que Paul laisse entendre à Philémon au sujet de son esclave Onésime, et même aux Corinthiennes  : s’il leur demande de prophétiser la tête couverte, il ne remet pas en cause le fait qu’elles prophétisent = qu’elles prêchent en public ! Voilà pourquoi nous appelons à «  revenir aux Écritures  ». Et nous comptons bien contribuer aux efforts en ce sens.

Voilà pourquoi ceux qu’il devient de plus en plus courant d’appeler les «  Attestants  » ont dénoncé la faiblesse théologique et biblique de la décision synodale, surtout soucieuse de considérations pastorales. Décision qui en est arrivée à confondre la grâce de Dieu, effectivement inconditionnelle, avec sa bénédiction, qui ne l’est pas.

Je suis d’accord avec Françoise Giffard sur la nécessité de dialoguer fraternellement, mais ce ne sera possible qu’en s’interdisant de caricaturer la position adverse.

CHRISTOPHE DESPLANQUE

pasteur ÉPUdF Agen"

 

 

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